En filature

               

Horreur !
Le petit garçon de Shining de Stanley Kubrick est filmé de dos, pris en filature par nos regards terrifiés. Nous remontons sur un tricycle, devenons le jeune héros dans un hôtel gigantesque et désert. Les tours de roue sont roulement de tambours. Lorsque le tricycle roule sur le tapis, le temps et le son se suspendent. Une respiration plus qu'angoissante. A l'époque, nous n'aurions évidemment pas pensé aux jeux vidéos. Mais maintenant, ce plan séquence repris à nombreuses reprises, nous met aux manettes : Elephant (Gus van Sant) et Rosetta (frères Dardenne), deux films dont nous sommes les héros... ou les chasseurs !
La représentation de dos permet aux spectateurs de participer à l'oeuvre.
Rappelons le synopsis de ce film : Jack Terrance est embauché comme gardien d'un hôtel de montagne. En compagnie de sa femme Wendy et de son fils Danny, il devra veiller à l'entretien des lieux pendant la morte saison. La Direction l'avertit que le gardien précédent a tué sa femme et ses deux filles à coups de hache. Mais il passe outre et s'installe dans l'hôtel...
D'emblée, l'atmosphère est dérangeante. Kubrick filme la voiture de Jack parcourant une route dans les montagnes. La musique fait marche funèbre. La menace est là et rien ne la délogera...
Cette menace passe par le vide omniprésent dans cet hôtel, mais aussi par les visions fugitives du jeune Danny qui peuplent les couloirs. Monté sur son tricycle, il n'est pas à l'abris de ces visions rêvées ou non.
Contrairement à de nombreux films d'épouvante, la peur se vit en pleine lumière...
Une peur qui se revit toujours, malgré ses nombreuses visions.