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ARNOlog

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21 mars 2011

Je règle mon pas sur le pas de mon fils

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 "Haut les mains ! Regarde devant toi ! c'est parti ! "
Un pied en avant, le second le rejoint, le premier le double, le second le redouble. Dans la marche, c'est le premier pas qui compte, le second se règle sur les pas du premier.
Les mains sont au-dessus de la tête, serrées par les miennes. Je pourrais être marionnetiste si mon fils ne tentait pas de diriger les opérations. Des cibles diverses l'aimantent : le cerisier en fleur aux branches si basses, la première petite fille venue, un ballon qu'on peut shooter, un ballon publicitaire qu'on peut dégonfler. Le marcheur sourit et découvre la liberté quand une de ses mains s'évade de mes grosses menottes pour glaner un baton, déraciner un piquet, toucher la terre.
Victor est terrien. Ses pieds s'enracinent dans son jardin des plantes et se déracinent très vite. Il est chez lui et arpente en propriétaire terrien son domaine. Le bébé soleil a sa cour, il salue même d'un geste royal les visiteurs et jardiniers. En un joli dimanche ensoleillé, ses courtisans l'élèvent dans le ciel à l'occasion d'un bond géant... Pas besoin de bottes de sept lieues. Deux mains serrées contre les siennes. "1,2,3... et hop !" saut en longeur assisté ! Le rire s'envole vers les cîmes d'un cèdre du Liban et redescend vers un canard se baladant par le plus grand des hasards.

Son déambulateur de père a également le sourire en voyant son funambule de fils chercher son équilibre et oublier la lourdeur de ses petites chaussures aux étiquettes rouges et vertes. Parfois, les mains s'échappent totalement pour s'accrocher aux bancs métalliques. Il en fait le tour avant de subitement s'émerveiller devant un caillou entouré de milliers d'autres. Ce caillou sera capturé, présenté à son public sous un retentissant "bôôôôôôôô".

Quand les cailloux de notre climat tempéré cessent de l'intéresser. Il est temps de partir en boeing sous les tropiques à bord de la Victor mobile. En route vers les grandes serres. L'aventure se joue sous l'arbre du voyageur, le bananier, le cacaotier et une grotte où aurait pu être tournées des scènes d'Indiana Jones, Dora l'exploratrice, Platon l'explorateur et j'en oublie...

Quand les plantes du climat tropical cessent de l'intéresser. Il est temps de partir en pirogue vers la ménagerie où les orang outans et autres singes attendent d'être montrés du doigt...

Bientôt viendra l'heure des petits pas non assistés... ça ne me rajeunit pas.

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7 février 2011

Celle qui varie

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Au commencement, une fièvre couverte de paracétamol. Ensuite, des frissons couverts de polaires. Par mesure de précaution car il se pourrait que le patient ait la grippe, la bouche est couverte d'un masque. Puis, apparaissent aux yeux d'un public ébahi un visage et un corps couverts de boutons... Le malade se couvre de honte. Victor aurait-il remis le couvert avec une nouvelle petite maladie dont il a le secret ?

Que nenni non point, la maladie qui varie, qui rompt la monotonie par ses changements soudains est tombée sur le nez d'un grand garçon qui ne se savait pas si jeune. 34 ans à passer entre les mailles du filet pour arriver à être criblé de points rouges qui grattent, qui démangent et murmurent dans l'oreille du patient : "si tu me grattes, je creuserai dans ta peau et on te traitera de calculatrice casio toute ta vie ".

Première alerte donc, une grippe qui ressemble à une "A". Stupeur ! Port du masque obligatoire pour protéger le petit Victor. Culpabilité aussi de n'être pas passé par la case "vaccination" et reproches formulés par mon médecin et mon big chef. Seconde alerte donc... "dis donc, c'est dingue, j'ai pas mal de boutons". Dans ces cas-là, un appel téléphonique à la maman conjugué à la lecture du carnet de santé s'impose.

Confirmation : "si rien n'est inscrit sur ton carnet, tu n'as eu aucune maladie infantile, mon ange"..

Le médecin confirme : l'enfant que j'étais n'a pas chopé la moindre petite maladie infantile devenue infamante avec le temps. Faites l'expérience : prenez la même maladie, plongez un adulte et un enfant en poussette dans une foule au jardin des plantes en ayant préalablement injecté la maladie aux deux cobayes en amont afin qu'ils aient de magnifiques pustules sur le visage. Regardez maintenant l Le regard est tendre pour l'enfant et stupéfait pour l'adulte... Quand l'enfant n'est pas touché et que le papa l'est, on peut se dire aussi que le papa a bien eu de la chance de trouver une maman pour faire ce si joli bambin...

Au fond, me direz-vous, cet article est vraiment centré sur le papa et peu sur le héros de ces chroniques. Et pourtant... si il faut chercher un responsable, considérant que le temps d'incubation s'élève à 14 jours et que autour de ces jours-là Victor m'a traîné chez le pédiatre plus d'une fois, fort à parier que l'origine du virus est à chercher dans la salle d'attente du docteur Toctoc. Moi, j'ai mon idée. Au lieu d'incriminer Victor, je préfère me focaliser sur cette petite fille acariâtre qui ne voulait pas donner un jouet à mon petit. Je pense que ce ne peut être qu'elle... Ah, si je la tiens, je promets de lui refiler la rougeole !



 
10 janvier 2011

Les mamies d'éveil


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Ce qui est rudement bien avec une naissance, c'est l'aspect "sport collectif" de l'événement : un seul a marqué, mais l'équipe est derrière en soutien et en embuscade pour jouer à tour de rôle le gardien de but. Ne vous méprenez pas, mon fils n'est pas une cage à garder, il est juste l'objet de délicates attentions quand les gardiens sélectionnés par mère nature vaquent à d'autres occupations : leur "vie d'avant" faite de restos, de films et de verres à pied.
Le match peut commencer et c'est un grand pas pour la grand-paternité et la grand-maternité...

Les supporters sont dans les tribunes. Les deux mamies sont toutes deux présidentes du fan club et redoublent d'efforts pour amuser le petit et bénéficier d'un joli sourire en retour (ou d'une grimace, ce qui est "tellement craquant"...). Deux stratégies sont à l’œuvre dans l'éveil du petit. Voyons la première... puis la seconde.


- La pédagogie circassienne et hippique

Une des deux mamies aime particulièrement faire découvrir le sens du rythme à Victor, celui des sabots, de l'écume sous les crinières... Le "pas", le "trot" et le "galop". La mamie est à trois vitesses, la digestion en est facilitée. Victor se prend pour zorro le temps d'une balade. Surpris, il devient muet comme Bernardo, ce qui peut s'avérer tout à fait payant en certaines circonstances. Petit inconvénient : avec tout ça, je risque de retrouver Victor dans un PMU d'ici quelques années...

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Autre élément d'éveil : les cubes, les cerceaux, les fermetures en tout genre. Sur sa piste, Victor est l'homme orchestre. Devant une foule ébahie, il dépose (avec de nombreux filets...) le rectangle dans la fente en forme de rectangle, le triangle aussi (oui, oui, dans le rectangle...). A noter que chaque élément géométrique est systématiquement léchouillé avant... (n'y voyez rien de tendancieux...).

- La pédagogie féline et gollumienne

Une des deux mamies aime particulièrement faire découvrir le sens du toucher à Victor, celui du poil de chat lustré, du métal des clefs et des bijoux. La chasse au trésor et au chat développe de nombreuses aptitudes : le sens de l'observation (où est planqué le chat ?), la rapidité (la clef de la serrure du tiroir doit être retirée le plus vite possible et enfournée dans la bouche en un éclair, à noter que cela fonctionne aussi avec la queue du chat) et l'expertise en joaillerie (Victor saura très tôt déceler les différences entre la fantaisie et l'or). Les bracelets portés ont sa préférence et c'est un casse-tête sans fin...

Petit inconvénient : avec tout ça, je risque de retrouver Victor dans une caverne chuchotant "mon précieux"... Oui, il pourrait devenir le "seigneur des bracelets"...

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Pendant ce temps là, les papis attendent tapis dans l'ombre, font de la résistance et attendent tranquillement de pouvoir sortir cannes à pêche, chasse aux champignons et lecture partagée du "Monde"...

3 janvier 2011

La gastro de la chambre jaune

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A force de passer entre les gouttes fiévreuses et infantiles, il fallait bien un jour tester la résistance de Victor aux microbes en tout genre. La petite force de la nature aux joues rebondies et au dynamisme malheureusement peu communicatif, est tombée récemment sous les balles d'une magnifique gastro doublée d'une angine. Voilà une munition efficace qui a fait fondre comme neige au cagnard les délicats bourrelets du bonhomme et a épuisé des parents qui pensaient se la couler douce dans les derniers jours de 2010.

Tout a commencé par des cris plus soutenus que d'habitude et une mine un brin renfrognée. Considérant son âge, on pense instantanément aux dents, à la mauvaise humeur, à une dispute avec son doudou qui aurait fait les yeux doux à un mouton en peluche ... Il n'en est rien.


Comme un barbapapa, Victor s'est ensuite transformé en bouillotte vibrante. Si tout ça est bien utile en cette saison (surtout dans ces appartements froids et parisiens), il reste que la bouillotte a tendance à perdre beaucoup de liquides, et ce, à deux extrémités précises. Pas de rustines pour cette fuite, à part pour l'une d'entre elles. Les rustines taille 4 + et "active fit" avec des dessins dessus s'épuisent vite et demandent à être changés régulièrement. L'horreur peut donc commencer. Il est décidé de se précipiter chez le pédiatre pour un traitement chevalin. Comme de bien entendu, la table du pédiatre a su accueillir les cris de Victor. Comme de bien entendu, le traitement sera efficace au bout de deux jours. Adieux cotillons ! le 31 se jouera à la maison, l'oreille collée contre la porte de la chambre victorienne, dite aussi la chambre jaune.

Le mystère est bien là... Qui a pu refiler cette gastro à mon fiston ? Pourquoi les industries pharmaceutiques créent-elles des médicaments pas bons que les enfants recrachent à la figure de leur papa ? Le doudou de Victor va-t-il vivre son amour avec le mouton en peluche ? Bref, le mystère n'en finit pas d'être mystérieux.


12 décembre 2010

I'm a jealous dad !

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Tout a commencé par un carton d'invitation. Petit, officiel, légèrement gaufré, me conviant à la fête de Noël de la crèche familiale en présence de Monsieur le Maire et Monsieur le père Noël. En serrant fermement ce précieux et doux billet, mon imagination s'est mise à galoper à dos de rennes : Victor et moi même installés chacun sur un genou du père noël, le sourire aux lèvres, des cadeaux par milliers dans les mains, des photos harcourt avec le vieux barbu et la remise officielle du diplôme de gentil papa par l'édile du coin. Un moment privilégié liant père, fils, nounou, rêve, politique, décoration, sapin et fausse barbe blanche. La magie de Noël en somme.

C'était aussi  une magnifique occasion de débuter une longue série de rencontres « père-fils » avec ou sans camescope : spectacles de fin d'année, soirée parents-prof...

Bien. Tout songe est mensonge et tant va la guirlande au sapin qu'à la fin elle l'étrangle. Ce qui devait se passer car écrit dans ma tête s'est en fait déroulé ainsi. Sortez les mouchoirs et les violons. Action !

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Le jour J, après avoir rejoint la crèche en quelques glissades, je vois arriver le petit Victor un peu en retard. Premier regard surpris du bonhomme accompagné d'un grognement : « que fait monsieur mon père dans mon antre, ma seconde vie, mon deuxième foyer ? ». Comble de la honte, papa ose le retirer des bras de sa nounou adorée et adorable. Pleurs, esquives et retour à la case départ. Nouvelle tentative quelques instants plus tard. Pleurs, esquives et retour à la case départ. Et, est-ce à préciser, aucun billet Monopoly à la clef...

Regards compatissants du personnel de la crèche et commentaires qui suivent :

- « Monsieur, votre assistante maternelle ne pourra pas garder votre fils durant toute la fête »,
- « et bien, il est pas bien dans les bras de son papa ? »
- « allez, viens Victor ! »...

Oui, en guise d'expériences scientifiques, chaque assistante maternelle souhaite relever le défi, « sauver le soldat Victor ». Réussite pour la plupart, faut-il le souligner. Les pleurs me sont définitivement réservés.

Mes chaussures se mettent à rétrécir, le rouge au front s'étend au reste du visage, mon pull me semble trop court, le sapin trop petit pour cacher un papa devenu trop gros. Bref, pourquoi suis-je soudainement si grand dans un monde si petit ? Un souvenir de première boum m'est revenu... Grands dieux, personne ne voudra danser avec moi !!!!

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C'est à ce moment et pas à un autre que le père Noël arrive et fait une bien heureuse diversion en faisant pleurer la majorité des enfants. Monsieur papa Noël, je vous remercie, c'est un beau cadeau. Les plus courageux posent avec lui. Qu'ils en soient félicités !

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Papa Noël sans distinction de courage remet à chaque enfant un petit cadeau. Un livre que Victor s'empresse de marquer de ses incisives. Rappelons que je suis bibliothécaire et que je veille de par mes missions à la préservation des livres pour la jeunesse … Passons.

Une fois les cadeaux reçus, nous sommes invités à rejoindre un petit salon improvisé rempli de parents hyper décontractés grignotant des petits fours. C'est à ce moment et pas à un autre qu'intervient le deuxième héros de l'après midi, le Maire.

« Bonjour à tous, je ne salue pas tout le monde, vous êtes trop nombreux !!! ». Traduction pour les latinistes : « Noli me tangere ». Autre image en tête : "Ne laissez pas les enfants venir à moi"... La magie de Noël, vous dis-je.

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Après quelques photos prises avec des assistantes maternelles, le maire Noël s'esquive, me laissant seul avec Victor tendant ses petit bras volontaires vers sa nounou...

Je confirme : personne ne m' invite à danser. Le temps me semble venu de quitter cette boum de Noël. Avant de partir, la nounou de Victor se montre rassurante et je lui confirme qu'évidemment je ne suis pas du tout contrarié... voyons !

Une fois de retour à la maison et après un léger moment de froid entre nous deux, je découvre et trouve une raison valable à cette malheureuse histoire : il a de la fièvre !!!!!

Youpi !

Rassurez-vous, depuis tout va pour le mieux. Nous toussons ensemble et partageons les mêmes médicaments.

Happy Xmas Victor (the war is over)

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18 novembre 2010

Papa aux mains d'argent

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Le poil sur le caillou est une affaire sérieuse. Brun, roux, blond, ondulé, raide et rare, le cheveu est scruté et parfois coupé en quatre, et ce, dans le sens de la longueur...
Heureux soit le bambin naissant avec des cheveux. Malheureux celui qui se retrouve 10 mois plus tard sous les ciseaux d'un papa aux mains d'argent. La raison de cette coupe prématurée ? La fameuse mèche devant les yeux, charmante selon le papa, aveuglante selon la maman.
Sur un canapé, le petit est pris par surprise. La mèche incriminée est pincée entre deux doigts, étirée vers le plafond et rapidement sectionnée d'un coup précis et incisif. Le petit n'en croit pas ses yeux. Le coup est fourbe. Les mèches s'envolent, se désolidarisent du dit caillou. Un dégagement au dessus des oreilles est plus minutieux. Ne surtout pas lui faire des oreilles de Peter Pan (ou alors, il sera gentil de me présenter la fée clochette...).

Le résultat est saisissant. Victor a tout l'air d'un moine en pénitence. Tournant sa tête, le choc est terrible. Sa nuque est longue. Il ressemble à Jean Marais dans ses films de cape et d'épée ou à un footballeur des années 80, 90 et 2000.

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La séance s'éternise. Le petit s'impatiente. Les dégradés sont involontaires. La maman s'effraye du résultat, remarque que son fils a perdu le charme certain de Paul McCartney. La coupe au bol n'est plus. Le petit peut faire ses classes. Les parents attendront la repousse. La paire de ciseaux est remisée... Les grands parents trouvent que Victor ressemble vraiment à un petit garçon ! Et Victor, le petit tondu que rien ne défrise, rêve peut-être d'une coupe à la Riquet à la houppe, si assortie à son milou pelucheux.

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26 septembre 2010

Le complexe de Victor

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"Je marche à quatre pattes le matin, deux le midi et trois le soir. Qui suis-je ?"


Oedipe se gratta la tête devant le sphinx, pointa son doigt sous sa narine droite (il paraît que ça aide à réfléchir), tapota ce même doigt sur son menton et une ampoule éclairée s'alluma soudainement au dessus de sa tête. Mais bon sang de bonsoir, c'est bien sûr... C'est l'homme... car petit il marche à quatre pattes, grand il se tient sur ses deux jambes et plus vieux, il s'aide d'une canne. Il alla prononcer la réponse quand soudain le doute s'empara de lui ... Il vit en pensée un petit garçon qui au lieu d'évoluer à quatre pattes, rampe et lustre le plancher de ses parents. Le tic-tac du chronomètre du Sphinx rendait la situation tendue. Les minutes s'écoulèrent ainsi... jusqu'au moment où Oedipe se fit dévorer par le Sphinx, le temps imparti étant dépassé. Grâce à Victor, Oedipe ne put épouser sa mère et ne sera plus complexé du tout puisque bel et bien digéré par la bête immonde. Freud ne put expliquer certaines névroses et depuis, on pense que le doudou est responsable de bon nombre de détresses sexuelles et adultes ce qui a rendu folles un bon nombre de nounous et autres personnels des crèches...

Merci qui ?

Merci Victor.

6 septembre 2010

La dis_arition

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Georges Perec a encore de beaux jours devant lui. "La disparition", son roman rédigé complètement sans la lettre "e" trouve un écho dans les babillages de Victor. La voyelle "a" prononcée en général deux fois est encerclée de nombreuses consonnes :  "w", "b", "c", "g", "n","m"... Toutes ? Non, car une consonne continue de résister. Victor a décidé, par pure démarche artistique, d'éviter la lettre "p". L'esquive est totale. Pas de "p" qui tienne et ce malgré les tentatives de corruptions. "Si tu prononces deux fois "p" avec des "a", tu auras ce magnifique biberon !"... Alors, "repeat after me" : "pa-pa"...  Rien, la gourmandise est pourtant son péché préféré....

En désespoir de cause, je me mets à rêver qu'il poursuive son mimétisme en écrivant SON "les revenentes" avec des "p" partout. Comment ? Il va finir par bégayer ?

En attendant, je lui montre l'exemple en chantonnant sur un air de Beethoven ou de Lady Gaga..."Pa-pa-pa-pa" .  Autant lui donner dès maintenant le goût pour la grande musique.

Soudain, je me ravise...Comment décourager une action artistique, un hommage littéraire, une démarche oulipienne si précoce ? Serait-il déjà un artiste capable d'exposer des centaines de boîtes de lait 2ème âge en guise de soupe Campbell ?

Je patiente en coloriant chaque rond des "P" que je rencontre. Dans la salle d'attente, j'attends qu'on m'appelle. Je répondrais seulement au doux nom de papa... Vous êtes prévenus.

16 juin 2010

Une piqûre au galop

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A défaut de se perdre dans le triangle des "prunus", il est des chemins qui mènent à la connaissance de soi et de son charmant petit. Cette route conduit une fois par mois devant la porte de Madame la pédiatre; personnage magique et je m'explique.

Imitant à la perfection le bruit délicat des sabots chevalins sur une route pavée de bonnes intentions, elle réussit à mettre le petit Victor en sourdine durant quelques instants. Le mettant tout nu et le piquant avec son aiguille, elle réussit à augmenter la puissance de feu sonore du petit. La pédiatre sait comme personne mixer la voix des bébés. Chapeau bas, l'Artiste ! "Treat me, I'm famous" ! 

La magie a ses mystères et doit se préserver et ménager un suspens; d'où le temps d'attente dans la salle des pas et couches perdus. La petite demi-heure est parfois nécessaire pour se préparer à cet instant si merveilleux. Au début tout va bien. L'heure de la sieste est oubliée par le petit qui ne pense qu'à baver sur le canapé rouge. Le papa, lui, stresse un peu en songeant à la petite pommade anesthésiante qu'il a étouffée sous un sparadrap transparent et dont l'efficacité ne dure malheureusement pas. "Docteur, le patient se réveille, il va pleurer, virons l'anesthésiste". En attendant, le petit fait les yeux doux à la dame qui n'attend plus une visite chez le pédiatre depuis bien longtemps mais qui  a son avis sur les questions d'éducation : "voyez-vous monsieur, faut pas s'étonner si les enfants deviennent des ados alcooliques si on les envoie dans les crèches et qu'on les abandonne ainsi. il est mignon votre petit. C'est rigolo de voir un papa accompagner son enfant chez le pédiatre... Il n'ira pas à la crèche au moins ?"

Si...

 

Ah.

......

Au bout de quelques minutes de discussion, le papa fait mine de faire régurgiter son fils pour éviter la suite de la conversation. Il se trouve que le petit est coopératif et sacrifie la deuxième marinière du papa à la mode. Merci pour cet instant magique. La demi-heure s'écoule lentement ensuite. Le petit frétille à l'idée de l'imitation chevaline et demande régulièrement à son papa et à sa marinière de se lever pour lui faire voir du pays. Le papa, quant à lui, sait que son anesthésie n'a plus de beaux jours devant elle. A ce moment là, le bébé précédent quitte le cabinet médical avec son cortège de cris. Lui aussi a eu droit à sa petite piqûre, le veinard. "Tout nu dans sa couche qui lui servait de pagne", le petit Victor est le suivant. Le papa sort la liste de questions qu'il a rédigé en réunion de parents. Les questions débutent. La pédiatre est à charge. Pas d'objection, juste des confirmations. Le papa est toujours un peu puériculteur à ses heures. Il avait deviné certaines réponses et c'est sa joie. Sur le coup de l'émotion, le petit retrouve le chemin de la marinière de son papa. Deuxième essai fructueux. Il faut évidemment éviter de changer de lait surtout quand le précédent avait fait ses preuves et avait été validé par l'estomac du petit. Les questions sont rayées les unes après les autres. Le petit est ensuite prié de s'installer sur la grande table couverte de papier pour être examiné et faire un brin de gymnastique. Après la mesure de sa tête et de sa gentille silhouette, il décide de soulager sa vessie au moment de la pesée... et de montrer ses grandes aptitudes en précision. Suite à cet événement, paraît-il traditionnel, l'heure des braves est venue. Une seringue sertie d'une aiguille est prête et s'approche. Le bras boudiné par les excès de biberon et encore anesthésié tremble un peu. Le sparadrap est enlevé et ... CRIS, PLEURS, PLAINTES...

Le bébé trouve refuge auprès de sa marinière au joli relent "gallia". La pédiatre fait le cheval. Le calme revient. Le petit est sonné, rhabillé. La descente dans l'escalier se fait dans un silence inquiétant. A la maison, les cris reprennent dans les aigus et avec intensité. Le mixage de la pédiatre a laissé quelques traces...  Quelle DJ ! 

12 avril 2010

Le triangle des prunus

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La vie maternelle a besoin de virgules. Et durant ces ponctuations, qui appelle-t-on ? Le papa, bien évidemment. L'accompagnateur traditionnel de la relation mère-enfant qui, le temps d'une après midi, devient l'animateur exclusif pour le très jeune enfant. Et comment mieux animer qu'en faisant le tour de son monde en 80 minutes.

Première étape ou la descente infernale : La poussette est garée en double file dans le hall de l'immeuble. L'enfant est au deuxième étage. Il faut que les deux se rejoignent. Voilà l'objectif du papa. En suivant les recommandations de la maman à la lettre, le petit se retrouve armé contre le froid à l'aide d'une cote de maille tissée avec la laine d'un mouton devenu depuis frileux. Un chapeau de type "chapka" vient couronner sa tête et lui cache parfois un œil ou deux, effet k-way qu'il découvrira plus tard (et on lui souhaite...). Une fois vêtu et par goût du rythme,  il est disposé dans le porte bébé suédois et accompagne chacun de vos pas dans l'escalier d'un cri aigu, suivi d'une respiration profonde. Ces signes de protestation donnent évidemment envie de glisser sur la rampe pour abréger le supplice. Cette descente vertigineuse et résonnante réveillera les fainéants du voisinage osant encore faire la sieste.

Seconde étape ou le départ en pôle position : Au rez-de-chaussée, rassurez-vous, les cris continuent. Le papa se contorsionne pour ne pas indisposer le petit bonhomme, déverrouille le cadenas, déploie la poussette rutilante, dépose le nid d'ange et enfin, le bambin gracieux car délicatement ceinturé... L'aventure peut démarrer et par magie, le silence se fait dès les premiers tours de roue. Le pousseur de poussettes est anxieux en dépit des nombreuses heures de conduites accompagnées. Après avoir déposé un "A" sur la "Victor Mobile", l'équipage jaune part sur les chemins sinueux menant au jardin des plantes, là où les poussettes de tous les pays slaloment. Une fois quelques rues traversées, le bolide prend son rythme de croisière, passe devant le minaret et les pâtisseries de la mosquée de Paris (et le courageux papa gourmand ne s'arrête même pas).

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Troisième étape ou la conversation impossible avec le fiston : Une fois entré dans le magnifique jardin, le papa est bien obligé de s'intéresser à la botanique vu que son charmant petit compagnon roupille. Le bolide jaune fait sensation et de nombreuses touches. Les allées se suivent et le papa aura l'infime honneur de voir les évolutions du jardin des plantes du mois de mars à nos jours. De temps en temps, le petit ouvre les yeux. Le papa en profite pour raconter sa vie et des choses aussi intéressantes que "oh, tu as vu, ils ont planté des fleurs de pavot et un corbeau"

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Quatrième étape ou "je veux être en paix sur un banc" : Quand les jambes deviennent lourdes, quand les chaussures noires deviennent blanches, il est temps de faire une pause sur un des bancs. Profitons de l'occasion pour faire un reproche ouvert aux gentils organisateurs du jardin des plantes : "vos nouveaux bancs sont tout pourris, c'est mon dos qui vous parle". Outre cet inconfort, le papa préfère ça plutôt que de tâcher de blanc les poches arrières de son pantalon noir en s'installant directement dans l'allée. Voilà donc ce doux moment de quiétude venu. Le soleil traverse les branches des arbres, zébrant la poussette... Le bonheur est là, quand... survient l'une des héroïnes qui arpentent le jardin, la vieille dame désœuvrée qui ne s'intéresse pas à la botanique...

Elle : - Bonjour... ah... c'est un beau bébé... c'est une fille ?
Lui : - Bonjour, non, c'est un garçon, il s'appelle Victor...
Elle : - Et c'est votre premier ?
Lui : - Oui, c'est mon premier...
Elle : - Ah, c'est votre premier... Et vous ne travaillez pas ?
(oui, cette scène a été enregistrée un jeudi après midi. NDA)
Lui : - Si, mais je suis en congés aujourd'hui
Elle : - Ah... Et vous vivez dans le quartier ? Et vous travaillez dans quoi ?
Lui : - Euh oui, pas loin d'ici et je travaille dans une bibliothèque
Elle : - Ah... A la bibliothèque Mouffetard ?
Lui : - Non, dans une bibliothèque du Val d'oise...
Elle : - Ah... et vous habitez ici ?
Lui : - Oui
Elle : - Ah... et c'est donc votre premier ?
Lui : - Oui... ça semble vous étonner...
Elle : - Oui, un peu, vu votre âge.
Lui : - (rire) vous me trouvez vieux madame ?
Elle : - bah (montrant mes cheveux blancs)... un peu pour un premier... mais bon, de nos jours, on se marie de plus en plus tard...
Victor : OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNN
Elle : Ah, il faut rouler, les enfants aiment quand ça roule...
Lui (se levant précipitamment) : Ah oui, au revoir...
Elle (s'installant sur le banc devenu vacant) : Au revoir, continuez, le moule est bon, il est beau !

Cinquième étape ou "il faut bien s'occuper" : Quand les allées finissent par se ressembler, l'option "Ménagerie" n'est pas à écarter. Le papa peut se distraire en faisant semblant de montrer à son enfant endormi les bestioles elles-même somnolentes de la ménagerie. Devant les singes, le petit ouvrit les yeux. Moment de grâce absolu que le papa n'eut pas l'esprit de fixer pour la postérité dans son appareil photo oublié ce jour...

Sixième étape ou "où trouver une gaufre ?" : Dans le jardin des plantes, pas de gaufres, que des crêpes... or, le papa peut avoir envie d'une gaufre bien chaude avec de la chantilly dessus, histoire de compenser la marche forcée...

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Septième étape ou "HANAMI" : N'avoir qu'une seule et unique destination a du bon. Cela permet de découvrir les évolutions de la nature et d'assister à sa renaissance; des premiers bourgeons à l'éclosion des fleurs. Au Japon, l'hanami est "la coutume traditionnelle japonaise d'apprécier la beauté des fleurs, principalement les fleurs de cerisier (sakura). À partir de fin mars ou début avril, les sakura entrent en pleine floraison partout dans le Japon. De nos jours, le hanami se résume souvent à profiter de cette saison pour pique-niquer, discuter, chanter sous les cerisiers en fleur" (oui, c'est un copié collé de wikipedia, si vous ne me croyez pas, cliquez ici.

Passage obligé de tout visiteur, le triangle des trois "prunus" : un trapu aux fleurs blanches, un élancé aux fleurs roses et un moyennement trapu aux fleurs blanches mais moins que le trapu. Voici en photo, le moyen de contempler en paix... les cerisiers en fleur du jardin des plantes; les prunus de Victor...

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Huitième étape ou "Atchoum" : Qui dit fleurs, dit pollens. Qui dit pollens et vent, dit yeux, nez et gorge qui piquent. Le métier de papa comporte des risques (du moins sans antihistaminique).

Neuvième étape ou "le retour au bercail" : La balade s'achève... Les allées quittées se transforment en rues. La rue Monge est remontée. La place Monge accueille déjà de futurs rendez-vous. Plus loin, le code de l'immeuble est tapé. Le retour se fait sans fanfare pour ne pas réveiller le petit.

Dixième étape ou "l'est où mon biberon?" : Prenez les deux premières étapes à l'envers et vous comprendrez que cela n'est pas si facile. Arrivé au deuxième étage, le biberon doit être préparé dans les plus brefs délais. Demain est un autre jour. La maman revient... Le papa attend son heure...

 

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