Master and servant
Aux tréfonds des terres de l'Ouest, de la Monarchie de Juillet au second Empire, un garde chasse, Lambert et sa famille découvrent leur nouveau maître, extravagant noble républicain, paradoxe ambulant, un "blanc" passé "bleu" mais dont les aspirations "rouges" sont indéniables. L'esprit du baron est brouillé d'idées nouvelles. Lambert est attaché à sa terre de servitude. Le conflit est inévitable. Il dure le temps d'un roman, traversant trois régimes et toutes les frénésies politiques et exaltations sexuelles d'une sorte de Sade puérile, versatile... Dès les premières pages du roman, François Vallejo met au coeur de l'intrigue le thème de la violence. Un vieux cliché nous est présenté : il représente le garde chasse posant avec un molosse. François Vallejo fait le parallèle avec d'autres photos, celles prises dans la prison d'Abou Ghraib. La même violence est à l'oeuvre.
L'ouest est un monde en huis clos à l'humidité perceptible à chaque page. C'est là que se jouent des tensions de plus en plus fortes, de plus en plus passionnantes entre raison et passion. Tensions qui piègent le lecteur, l'entraînent avec la meute vers la tragédie.
Dans le style de Vallejo, les voix se mêlent. Les dialogues ne se différencient pas des pensées. Les voix des personnages se rencontrent en une seule phrase. La tension, la peur, l'atmosphère sont magnifiquement rendues.
Un excellent roman que je conseille ardemment !