Rouge lumière

               

                         Lui : - Restez un instant
                                             Elle : - Pourquoi?
                                         Lui : une belle lumière...

Valentine (Irène Jacob) est étudiante à Genève. Un soir, au volant de sa voiture elle écrase une chienne. Elle se rend aussitôt chez un vétérinaire pour soigner l'animal. Le lendemain, Valentine se rend à l'adresse indiquée sur le collier de la chienne. Une grande maison vide. A l'intérieur, un homme seul, un juge à la retraite (Trintignant) qui passe son temps à écouter et espionner leurs conversations...
Dernier volet de la trilogie de Kieslowski, après bleu (liberté) et blanc (égalité), voici Rouge. Troisième couleur traitant magnifiquement des liens du sang, de la fraternité, mais aussi du hasard et du destin. Un film plein d'espoir dont chaque plan recelle une touche de rouge. Film qui se permet de suspendre son propos d'une parenthèse qui invite le spectateur à jouir d'une minute de lumière. Celle d'un coucher aux chaudes tonalités. Un moment rare, presque mystique, qui capture l'essence même de la beauté...Un moment de cinéma : la lumière décline, éblouit, suspend le récit au profit de la contemplation... Le cinéaste suit de sa caméra l'évolution de cette lumière qui se déguste et transforme la maison.  Un état de grâce tout juste perturbé par la voix off d'une Dame-météo que Tritignant espionne également...
Rouge brille par son esthétisme sans faute et baigne dans cette atmosphère ambrée dans laquelle se promène, et même trébuche, la magnifique Irène Jacob, elle aussi, fort lumineuse. Le contraste avec la noirceur de Trintignant n'en est que plus remarquable...
Dernier film d'un cinéaste singulier, Rouge, résolument optimiste, vous interrogera sur vos moments de grâce...